Un petit studio au cœur de la Boucle, des crayons affûtés et un support entièrement vierge. Voilà le matériel nécessaire à Thomas Lateur pour laisser exprimer son art. Il fait aujourd’hui partie de cette nouvelle génération d’artistes qui explorent des univers laissés quasi-vierges par leurs aînés. Passionné par le dessin depuis son enfance, le jeune bisontin ne s'est pourtant consacré au lettrage quotidiennement que depuis 6 mois. Il ne sort pas des beaux-arts mais tient un discours réfléchi sur son art. «Ce qui m’attire, c’est ce rapport entre le fond et la forme. Pour moi, la forme n’est que le fond qui remonte à la surface et je me pose toujours cette question : comment faire ressortir une idée et la retranscrire graphiquement ?».
Croquis, esquisses, ébauches : des dizaines d’heures passées à faire couler l’encre sur une feuille, raturer, effacer, corriger. Et recommencer, toujours. «Quand je me lance dans un projet, je n’abandonne jamais. Je suis exigeant avec moi-même, c’est la meilleure manière de progresser.»
L’exposition aux Bains Douches,
nouvelle étape dans son parcours
Méticuleux, l’étudiant en design graphique travaille parfois seul afin d’améliorer sa technique mais affectionne particulièrement les collaborations avec des artistes du street art. «A Besançon, la scène urbaine est très active. Une fois que l’on réussit à intégrer un cercle ou un collectif, les projets s’enchaînent, le réseau grossit et les premières commandes tombent.»
Dans son quotidien comme dans sa vie d’artiste, c’est bien lui qui tient les commandes, lui qui dessine les lignes de sa vie. A l’image de sa première exposition sobrement intitulée "Handmade" organisée en début d’année aux Bains Douches. Un bel hommage rendu à la capitale comtoise, tout en couleur et en esthétisme. Des enchevêtrements de mots, parfois crus, toujours percutants, pour répandre sur la feuille son besoin de liberté. Et avec eux cette impression de mouvement, comme un échange entre l’artiste et le spectateur.
Besançon
comme source d’inspiration
Ses coups de crayons avisés sortent des sentiers battus, la modernité de son art invite à l’évasion. Ses œuvres lumineuses ont fini par taper dans l’œil des pouvoirs publics locaux, qui lui ont donné carte blanche pour repeindre la façade de la salle Jeny d’Héricourt. «J’ai l’habitude de travailler sur des supports de taille réduite. Là, je vais avoir la surface d’un bâtiment entier à couvrir pour exposer mon univers aux amateurs de graffs mais aussi aux habitants de Temis. C’est sûrement le projet artistique le plus excitant de ma jeune carrière.» Un mot qu’il aime placer entre guillemets, lui qui rêve un jour de se consacrer pleinement à sa passion. En espérant casser les préjugés sur ces arts contemporains et en contribuant à leur démocratisation. Une envie d’ailleurs ? «Des villes comme Lyon, Amsterdam ou Montréal font évidemment figure de modèle, mais Besançon a son mot à dire, et je compte bien en être un porte-voix.» A bon entendeur.
Vincent Bourquin
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