23 h. Tristan Choquet débarque sur la petite scène du cabaret Michou. Maquillé et paré d’une perruque, on lui reconnaît sans peine des airs de Clara Luciani. Alors que les enceintes laissent entendre la musique La Grenade, il reprend les paroles en play back, en imitant la gestuelle de la chanteuse, et descend voir le public. Difficile d’imaginer que seulement vingt minutes plus tôt, il incarnait Christine and the Queens.
C’est ainsi que Tristan se métamorphose six soirs par semaine. Depuis octobre, il exerce dans ce cabaret fondé par Michou, à deux pas de Montmartre. A ses côtés, huit « Michettes » - le nom donné aux transformistes de la troupe - qui incarnent des artistes d’hier et d’aujourd’hui bien connus des Français : Céline Dion, Nolwenn Leroy, Brigitte Bardot, Lady Gaga, Liane Foly, Chantal Goya ou encore le duo Johnny Hallyday et Sylvie Vartan.
Du théâtre à partir du lycée
Il y a dix ans pourtant, Tristan ne s’imaginait pas être sous le feu des projecteurs. Adolescent, celui qui grandit à Malbuisson, un village dans le sud du Doubs, se projette plutôt dans l’ombre. Le métier que ce fils d’une infirmière et d’un agent immobilier imagine faire plus tard ? Régisseur. D’ailleurs, à la maison, ce benjamin d’une fratrie de trois passe des heures à réaménager le salon familial avec des draps et des lumières, en vue d’animer un faux jeu télé avec ses proches.
En classe de première, il rejoint le lycée Pasteur de Besançon dans l’optique de suivre l’option théâtre. Une révélation pour celui qui n’en a jamais fait. « Ces cours étaient les meilleurs moments de la semaine », rembobine-t-il. Très vite, il se prend de passion pour l’improvisation.
En parallèle, il ouvre des comptes sur Instagram puis TikTok où il imite avec humour des professionnels : la conseillère d’orientation, la “cantinière”, les profs et surtout les journalistes. Il aime tellement se glisser dans la peau de personnages qu’il décide d’intégrer le cours Florent, célèbre école de théâtre à Paris, après le bac. Avec un rêve : pouvoir un jour monter sur scène, devant un public.
Apprendre à se maquiller
Lors de sa formation, ses camarades et lui ont parfois carte blanche pour interpréter des scènes les uns devant les autres. « Je faisais toujours des choses autour du milieu cabaret, de la nuit, des drag queens et de la musique française », raconte ce féru de variété, qui préfère écouter Mireille Mathieu, Hervé Vilard ou encore Nicoletta plutôt que des musiques actuelles.
Un soir, étudiant en première année, il se rend au cabaret Michou avec ses parents venus lui rendre visite, pour fêter l’anniversaire de son père. Une première. « J’avais vu des vidéos sur Internet qui m’avaient donné envie d’assister à l’un de ces dîners-spectacles. Et j’ai bien fait ! J’ai été émerveillé par les artistes, je trouvais leur prestation à couper le souffle. »
A l’issue du show, un salarié du cabaret demande à la mère de Tristan ce qu’elle en a pensé. « Génial », répond l’intéressée, avant d’ajouter : « C’est dommage, il manque quand même quelqu’un pour interpréter Dalida ». On lui répond que l’artiste qui l’incarnait sur scène est parti à la retraite et que c’est compliqué de trouver le bon profil pour lui succéder. « Peut-être pas si compliqué… » souffle-t-elle, en faisant référence à son fils. C’est ainsi que le jeune homme repart avec l’adresse email du directeur artistique du cabaret, avec qui il prend contact pour tenter sa chance.
Ses vidéos publiées sur les réseaux sociaux, qui rencontrent de plus en plus de succès, l’aident à le convaincre de son potentiel. Dès lors, en parallèle de sa deuxième année au cours Florent, le Franc-Comtois passe des heures au cabaret, à faire des essais. « Le directeur artistique m’a notamment appris à me maquiller, car tous les artistes le font seuls. Effacer son visage pour créer ensuite une ressemblance avec un artiste, ce n’est pas évident, mais j’ai adoré me former ! »
Un rythme de vie particulier
En octobre 2023, une place se libère dans la troupe. L’heure pour Tristan de l’intégrer. Pas pour incarner Dalida, mais Christine and the Queens et Clara Luciani, dans un premier temps. A ce moment-là, il décide de se consacrer au cabaret et d’abandonner sa formation au cours Florent, où il lui reste une dernière année à effectuer.
Depuis, celui qui aime flâner dans Paris, aller au cinéma et au musée sur son temps libre, a un rythme de vie particulier. Sa journée de travail commence à 20 h par une petite heure de préparation, avant de monter sur scène. Il rentre chez lui sur les coups d’une heure du matin.
En parallèle, il lui arrive de publier de courtes vidéos sur les réseaux sociaux. Celles qui rencontrent le plus de succès ? Quand il imite des journalistes, notamment en s’inspirant d’archives vieilles de dizaines d’années. Mais s’il est suivi par plus de 129 000 personnes sur TikTok, c’est sur scène qu’il s’épanouit le plus. « C’est un bonheur de faire face à un public, d’avoir des retours en direct. » Et le jeune homme est d’autant plus enthousiaste qu’il s’apprête à incarner une troisième artiste sur scène : Fanny Ardant, son « actrice préférée ».
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