Ils sont 7, ils sont jeunes et ils ont envie de faire parler les gens. Lancer le dialogue, susciter l’interrogation, faire réfléchir, «recréer des lieux d’expression sur l’espace public» selon les mots de Nicolas Mayeux, l’un des fondateurs de l’association Comme un élan. Ils ont déjà testé leur projet à deux ou trois reprises en mai et juin à Besançon. Sur des lieux de passages comme Granvelle ou la place de la Révolution, leur agora était constituée d’un espace d’accueil, de boîtes aux lettres empilées, de cordes à linge pour accrocher les messages. Les passants étaient invités à répondre à des questions. Par exemple «quel rêve pour demain ?». La démarche a plu. Les messages accrochés allait de l’anonyme au revendiqué, du plus personnel («devenir avocate renommée… et qu’il revienne») au politique («que les gens prennent conscience des fictions qu’on leur impose»), de l’ambitieux («retenir le temps») à l’altruiste («trouver comment être utile»). Ils réunissaient les générations, associant dans le même élan Félix, 3 ans («devenir pompier») à David, 70 ans («une fin de vie paisible»). En tout cas, une satisfaction pour l’association qui entame son gros projet, son «premier élan» du 3 au 20 octobre. «Les gens sont assez surpris note Nicolas Mayeux. Même s’ils ne répondent pas tous, ils s’arrêtent, discutent. Il y a beaucoup de réactions positives à notre démarche».
S’ils sont tous issus de l’Université, les jeunes de Comme un élan ont des profils hétéroclites. L’un est en fac de philo, d’autres sont animateur socioculturel, animateur radio, administrateur. Ils pensent qu’il y a un déclin de l’expression chez les individus. Ils se disent «bénévoles actifs», passant plusieurs heures par semaine à leur projet. Leur motivation est simplement citoyenne. «Notre idée est née du constat qu’il n’y a pas assez d’espaces de parole pour dire ce que l’on a envie de dire. Il faut ramener du débat car on est interdépendants les uns des autres et on avance dans la confrontation d’idées».
Leur démarche a reçu l’appui du Comité local d’aide à projets initié par la Ville de Besançon. Ils ont également obtenu le 3e prix du district dans le cadre de l’initiative du Crédit Mutuel «les Jeunes qui osent» et une subvention du dispositif Envie d’agir. Ils ont déjà en tête les thèmes qu’ils vont prochainement aborder en public : c’était mieux avant ? qu’est-ce qui vous met hors de vous ? pourquoi je marche si vite ? qu’est-ce que la réussite ? Après le coup d’essai de juin, ils ont d’autres idées à développer : à partir des paroles collectées, ils veulent par exemple créer un «commando de crieurs publics» et une expo pour restituer les réponses de manière esthétique et visible. «On collecte, on affiche, on valorise». Qu’en restera-t-il ? «On espère que les gens repensent à nos questions plus tard. Et on veut montrer que la rue peut avoir un autre rôle qu’un simple endroit de transit».
Stéphane Paris
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