Il a le look, Victor. Jean-basket et l’ordi sous le bras, il a le contact facile. Un style décontracté qui ne fait aucun doute quant à son milieu de travail. Cela fait désormais trois ans que la startup Mesagraph qu’il avait rejointe à Paris en 2012 s’est fait racheter par le géant Twitter, la firme américaine qui compte plus de 300 millions d’utilisateurs actifs mensuels.
«Notre boîte utilisait déjà l’écosystème de Twitter pour relever et analyser les émissions de télévision, les sujets de société les plus commentés. Ce qui permet d’observer des tendances en temps réel pour le compte de l’industrie des médias et des annonceurs», explique le jeune développeur.
Victor a été élève au lycée Viette de Montbéliard. Au début, il ne se voyait pas suivre de longues études.
«J’ai fait un DUT réseaux et télécommunications en me disant qu’être technicien ferait très bien l’affaire, mais finalement je me suis orienté sur une école d’ingénieurs à Brest. Cela m’a permis de travailler dans une grande entreprise télécom. Comme je cherchais à m’investir davantage dans un travail, j’ai ensuite rejoint Mesagraph en tant que développeur .»
"Expat"
Sa vie a changé du jour au lendemain lorsqu’il a dû déménager à Londres.
«Nous ne nous y attendions pas. La vie d’une startup est assez particulière : tu as beau t’investir à fond dans ton travail, cela ne marche pas forcément. Nous n’étions pas encore arrivés au point d’être viables économiquement, mais notre concept a intéressé Twitter pour le développer à l’échelle mondiale. Nous étions à l’époque la première startup française à être rachetée !»
Aujourd’hui, il fait partie des 200 employés de Twitter à Londres, le plus gros bureau en dehors des États-Unis. Sa mission consiste à développer et enrichir le site web de nouvelles fonctionnalités telles que le live vidéo.
«J’ai toujours été fan de ce réseau. J’aime la facilité avec laquelle on peut interagir avec quelqu’un, quel que soit son milieu, son statut, sa situation géographique. Imaginez que moi, Victor, je peux envoyer un tweet à Justin Bieber et il le verra… Bon ok, il y a peu de chance qu’il en ait connaissance», s’interrompt-il en moquant son exemple.
Management
«à l’américaine»
À l’entrée du building qui abrite quelques bureaux, dont ceux de la marque à l’oiseau bleu, il faut montrer patte blanche : vérification des identités, heure de visite enregistrée et signature d’une clause de confidentialité pour obtenir un badge de visite. Il s’agit en réalité de simples formalités, puisque Victor nous ouvre grand les portes des locaux, un environnement de travail à faire pâlir n’importe quel employé !
«Je ne pourrai simplement pas vous faire visiter les bureaux open space, puisque le travail à l’intérieur est confidentiel» s’excuse-t-il. Le hall d’accueil diffuse les derniers tweets du moment. Canapés blancs, petites et hautes tables, cafés et boissons rafraîchissantes sont en libre service. Les salariés peuvent réserver des salles de réunions à distance ou via un tableau numérique, y convier leurs collègues, à moins qu’ils ne préfèrent s’entretenir de manière plus informelle dans une grande salle de détente dotée d’une table de ping-pong et d’un baby-oot. Depuis cette tour de verre, on observe en contre-bas les rues animées de Piccadilly Circus, où se produisent les grandes comédies musicales du moment.
«Et là, c’est la cafétéria où sont servis les petits déjeuners tous les matins, indique Victor.
On a souvent des repas traiteurs pendant la journée et même le soir pour ceux qui restent travailler tard.» Il peut arriver chez son employeur à l’heure qu’il souhaite et dispose d’une grande flexibilité pour prendre des congés.
Autonomie
et flexibilité
«Il s’agit d’une structure horizontale où l’interaction avec les managers est facilitée. On se moque de savoir où vous êtes, de l’heure à laquelle vous arrivez au bureau, du moment que votre travail est bien fait. Cela exige en réalité beaucoup d’indépendance, d’autonomie et de souplesse ! Il faut parfois rester au bureau jusque tard pour des rendez-vous avec nos collègues américains». Dans ce
«management à l’américaine», l’investissement est donc souvent plus important. Alors, emploi pour jeune cadre dynamique ou véritable modèle d’inspiration ?
«Certains préfèrent avoir un travail où ils peuvent rentrer à 17 heures pour se consacrer à leurs enfants ou à leurs passions. Moi j’aime m’investir à fond dans un job s’il me plaît» estime simplement Victor, qui n’imagine pas non plus faire toute sa carrière ici. «
Je ne pense pas trop m’avancer en disant que personne n’a cela en tête ici ! La plupart des employés ont moins de 30 ans et dans ce type de secteur, il n'est pas rare de changer de travail très souvent. Pour l’instant, cette expérience m’apporte énormément : les gens sont ouverts, ils viennent de partout dans le monde, l’ambiance est cosmopolite, à l’image de Londres…»
Dans cet univers propre aux technologies et aux réseaux sociaux, où les frontières n’existent plus, il envisage aussi bien son futur à l’autre bout du monde qu’en France.
«Après tout, pour travailler je n’ai besoin que d’un ordinateur et d’une connexion internet ! Pourquoi pas au milieu des Alpes pour m’évader aussi souvent que possible ?»
Pauline Moiret-Brasier
peripleties.fr
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