Deux semaines avant le début du confinement, Abigaëlle emménage à Geruge, petite commune à côté de Lons-le-Saunier. Elle débarque depuis Vesoul, bien décidée à trouver un emploi dans la restauration, secteur dans lequel elle a déjà travaillé. Mais mi-mai, elle reçoit un coup de fil de la boîte d’intérim dans laquelle elle est inscrite : on lui propose un CDD dans un atelier textile qui s’apprête à ouvrir à Lons (1). « Je ne percevais pas d’indemnité de chômage, je n’avais pas d’autre choix que d’accepter », raconte la jeune femme.
« Je n’avais jamais cousu de ma vie »
Avant le confinement, cet atelier n’était qu’à l’état de projet. Son objectif ? Relocaliser l’industrie textile dans le Jura. Tout s’accélère avec la crise sanitaire et l’urgence de fabriquer des masques. L’atelier trouve des locaux, achète des machines et recrute ses premières couturières. Parmi elles, Abigaëlle. « Je n’avais jamais cousu quoi que ce soit de ma vie », assure la jeune femme, son tissu en main. Malgré son inexpérience, elle relève le défi. Le 25 mai, elle se présente à l’atelier. Comme elle, ses quatre autres collègues ne maîtrisent pas les machines industrielles. Quelques heures de prise en main sont nécessaires pour manipuler la pédale, les commandes et pour pouvoir réaliser les différentes opérations. « J’avais peur de ne pas y arriver », confie Abigaëlle. « Et maintenant, c’est elle qui montre aux autres », rétorque l’une de ses collègues en souriant. « Mon poste de base, c’est la surjeteuse, explique la jeune femme, c’est la machine qui permet de coudre cette sorte de dentelle », détaille-elle en montrant les fils entrecroisés qui bordent les masques. Mais Abigaëlle tourne aussi sur d’autres postes : surfileuse, contrôle qualité, coupe et pose des élastiques… « J’ai aussi appris à régler certaines machines », ajoute-t-elle.
Un CDD de 4 mois renouvelable
Après les masques, d’autres commandes commencent à parvenir à l’atelier textile : des tenues pour le restaurant municipal, des porte-bébés… Après plusieurs mois à découvrir les bases, les couturières sont prêtes à se diversifier pour voir leur emploi se pérenniser. En mai, Abigaëlle a signé pour un CDD de 4 mois renouvelable. « Je n’avais jamais pensé à la couture comme métier potentiel », affirme Abigaëlle, qui reconnaît à demi-mot que la crise a été une chance pour elle. Elle semble avoir découvert, outre sa voie, une passion.
Camille Jourdan
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