Elles étaient en 6e lorsqu’elles ont commencé à participer au jury jeunes du festival international des cinémas d’Asie. Quatre ans après, Pauline Mariet et Garance Chatelain en ont assuré la coprésidence, pour l’édition 2015. «On voulait le faire depuis longtemps mais on avait un peu le trac. On y est allé à deux pour se rassurer».
Les deux collégiennes de 14 ans ont dû vaincre leur timidité pour monter sur scène remettre le prix offert par la communauté d’agglomération de Vesoul. Résultat : pas de regret, au contraire. «Je recommencerais sans hésiter» dit Garance (oui, son prénom est une référence aux «Enfants du paradis»).
Elles apprécient l’ambiance du festival, l’animation occasionnée à Vesoul, les rencontres avec des professionnels du cinéma. Même si participer au jury jeunes d’un festival de films asiatiques peut sembler loin des préoccupations de jeunes de Haute-Saône. Surtout quand on sait que ce jury est chargé de visionner et primer les films de la compétition documentaires. .. «Ca change de tout ce qu’on voit au cinéma ou à la télé, on découvre d’autres cultures» note Garance. Le choix du jury 2015 est allé à l’Iranienne Marjan Riahi pour «Iranian ninja», qui parle de femmes iraniennes qui se tournent vers le self combat dans un but d’autodéfense. «Beaucoup de collégiens du jury ont aimé ce film. On l’a trouvé vivant, intéressant. Voir un documentaire au cinéma, ce n’est pas comme chez soi complète Pauline. On est plus dans le film alors qu’à la maison on est facilement distrait».
Le goût et la culture se forgent par la découverte qui naît de la curiosité. «Quand on était en 6e, Jean-Marc Therouanne est venu nous présenter le festival. On regardait surtout du cinéma américain. On s’est demandé ce que c’était. On y est allé. Et depuis on a continué. Maintenant, on est plus attentif à ce cinéma qu’avant».
Une tradition
d'aller vers les jeunes
Elles ne sont pas les premières. Faire apprécier les cinémas d’Asie aux jeunes est l’une des réussites de Martine et Jean-Marc Thérouanne, les fondateurs du Fica. Le jury jeunes est né en 2000 et rassemble des 11 – 23 ans de tous horizons, collégiens, lycéens, étudiants, apprentis. Il a été suivi d’un jury lycéen en 2007.
«Pour les encadrer, on leur remet une grille de notation avec des critères de jugement : la photo, le sujet, le plan, le scénario, etc. Ces jurys ont aussi un côté pédagogique» relate le cofondateur et délégué général du festival qui croit aux vertus de la découverte. «Quand j’étais jeune, on découvrait le cinéma asiatique par celui de Hong Kong, par Bruce Lee. Aujourd’hui c’est plutôt par la japanimation. Mais le processus est similaire. Après on élargit... On remarque qu’il y a une grande fidélité des jurés jeunes. Certains sont devenus membres de l’organisation du festival. Nicolas Carrey-Parmentelot, actuel délégué adjoint est venu par le jury jeunes. Marc Haaz est responsable audiovisuel. La première présidente du jury jeunes est toujours membre de l’équipe».
Le Fica a développé des partenariats avec le lycée Belin et ses élèves de l’option arts visuels, avec le lycée Lumière de Luxeuil dont la classe cinéma fait des reportages au festival ou encore avec le lycée Pontarcher dont les élèves assurent l’accueil.
«Associer les jeunes est une volonté depuis l’origine. C’est aussi un souhait plus général de s’ancrer dans le contexte local. On travaille avec des maisons de quartier, des associations, des groupes d’alphabétisation. On espère que le festival aide à vivre ensemble». Si l’on s’en tient au succès d’un festival passé en 21 éditions de 1500 à 30 000 spectateurs, devenu le plus grand et plus ancien festival de films asiatiques d’Europe, ça fonctionne. C’est par exemple grâce au Fica que l’on peut désormais apprendre le chinois au lycée Belin.
Dans cette volonté d’ancrage local, «les jeunes comme Pauline et Garance sont aussi des personnes relais». Elles confirment : «En tant que présidentes, notre rôle était aussi de constituer le jury, de motiver d’autres jeunes».
Stéphane Paris
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