Trouver son bonheur dans le malheur, ce n'est pas le sujet d'une dissertation de philosophie, mais plutôt ce qui est arrivé à Jonathan. Juillet 2012, cet attaquant du club de football Haute-Lizaine se blesse. Le verdict est sans appel : rupture des ligaments croisés. Ce passionné de ballon rond est contraint de ranger les crampons pour de longs mois. Une mauvaise nouvelle qui arrive après une autre : un licenciement économique. Le jeune haut-saônois se retrouve sans emploi. Pour s'occuper, il passe de plus en plus de temps à jouer à la console avec laquelle il s'amuse déjà depuis quelques années. Le gamer ne décroche pas avec le milieu du ballon rond et s'adonne à de nombreuses parties du jeu Fifa. En octobre, il participe à une coupe on-line où s'affrontent 128 joueurs et se qualifie pour la finale Fifa 2013 ESWC à Paris qu'il remporte après différentes phases de poule. «Je fais partie d'une équipe nationale et quand il y a des évènements, nous y participons pour représenter au mieux les sponsors. Cette victoire nous a permis d'en décrocher un nouveau» explique Jonathan.
Avec ce titre, il aurait dû participer le lendemain à la Coupe du Monde réunissant des joueurs des quatre coins du globe, mais il a été contraint de rentrer en Franche-Comté : «je commençais un nouveau boulot dans une banque, je n'avais pas trop le choix, il y a des priorités dans la vie». Jonathan est un mordu, mais pas un drogué. Il considère la console comme une passion et un passe-temps. Il regrette malgré tout d'être passé à côté des 5 000 dollars mis en jeu dans la Coupe du Monde (il a quand même remporté 300 dollars pour la compétition nationale) et rêve d'avoir le temps pour participer à un gros tournoi à Las Vegas avec à la clé 140 000 dollars ! L'argent peut faire tourner la tête, mais Jonathan garde les pieds sur terre : «Ce n'est qu'un jeu virtuel, ce n'est pas avec ça que je vais gagner ma vie». Dans le monde des gamers, une rare poignée arrive à être salariée (environ 1 500 euros par mois, certains peuvent toucher jusqu'à 5 000 euros). Jonathan dit gagner 90 % des matchs joués. «Il y a un côté stratégique, il faut être malin et anticiper, je crois que la console m'aide à m'améliorer au football, dans la vision du jeu par exemple» remarque le jeune homme. Dans son appartement de Tavey où il joue en ligne, pas de boîtes de pizzas vides, ni paquets de chips entamés ou de toiles d'araignées sur les murs. Jonathan est bien loin des clichés sur les joueurs en réseau. «Au lieu de regarder la télé, je joue, mais ça ne m'empêche pas de sortir et de voir des amis, Je prends ça comme une passion avec laquelle je peux arrondir mes fins de mois, mais je ne me vois pas non plus jouer à la console jusqu'à 40 ans !».
Simon Daval
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