Rémi vient de finir une tournée pour un boulanger tandis que Clément s’apprête à traverser toute la ville pour livrer des fleurs. Un matin de travail ordinaire pour les deux associés coursiers de Vélo connect. Un matin de mars, mais il fait beau et pas trop froid. «De toute façon, si on fait ça à Besançon, il faut accepter d’être mouillé. Mais on est bien équipés et pas en sucre. Et l’avantage de faire du vélo, c’est que ça réchauffe !»
Voilà un an et demi que les deux jeunes hommes ont lancé leur SARL de livraison à vélo dans Besançon et les communes proches. Tout est possible en dessous de 15 kg et d’1,20 m. «On nous a déjà demandé de transporter un arbre» sourit Rémi, 28 ans, Vendéen arrivé à Besançon en 2013. «Mais on bosse plus souvent pour des imprimeurs ou pour livrer des documents administratifs ou des petits colis».
Leur rencontre est fortuite : Clément, 27 ans, originaire de Ravilloles dans le Jura, était son voisin de palier. Leurs points communs : férus de vélo, voulant travailler avec une éthique et dans une démarche vertueuse. «On vient également tous les deux de la physique, lui de l’optique et moi des économies d’énergie. C’est un peu lié».
Livraison en 2 h maxi
«C’est un ancien colocataire qui fait ça en Suisse qui nous a parlé du concept. Il est moins répandu en France que dans les pays anglo-saxons. Il y en avait à Dijon, Strasbourg, Lyon, Annecy ou Caen mais pas à Besançon» relate Clément. On parle de villes relativement plates. Pour Besançon, c'est une autre histoire, mais ce ne sont visiblement pas les montées qui les effraient. L’organisation de la circulation bisontine est en revanche beaucoup moins adaptée à la pratique. «Sur les grands axes, c’est dangereux constate Rémi. La rue de Dole, ce n’est pas évident même sur la piste cyclable. Circuler est souvent une sorte de jeu entre les voitures».
Clément était à Vélocampus auparavant et l’association leur prête ses locaux en échange de coups de main. «Notre idée est de rester le plus simple possible. C’est une volonté et on s’aperçoit que cela plaît souvent aux clients». Ni GPS, ni logiciel de gestion. «Ils sont dans nos têtes. On connaît la ville par cœur, les logiciels seraient une perte de temps. De toute façon, seule une grande entreprise peut modéliser ses transports avec un logiciel performant car la ville est une espèce de fourmilière, de flux de personnes et de véhicules dont les contraintes ne sont jamais les mêmes selon l’heure». Cela ne les empêche pas d’assurer une livraison 2 h maximum après l’appel.
Chez eux, pas davantage de vélo électrique. «C’est moins simple pour la maintenance et quand on s’y habitue on perd vite "la caisse". Et cela ne correspond pas avec notre identité». Ils ont de toute façon minimisé les risques en investissant modestement : un vélo "cargo", deux vélos traditionnels et des vêtements au nom de leur marque, en partie financés par un appel sur kisskissbankbank.
«Depuis le début, l’activité augmente en pente douce annonce Rémi. On se met un petit salaire mais on a conscience qu’il y a encore un marché à aller chercher. Aujourd’hui, on voit où il se situe, on a encore de la marge pour augmenter la clientèle, mais ça ne se fait pas comme ça». Leur clientèle principale est constituée de sociétés qui peuvent déléguer une partie de leur travail à un moyen de transport plus approprié à la ville que la voiture. «Livrer en véhicule en ville, c’est du temps perdu dans la circulation et dans la recherche de stationnement. Le vélo a l’avantage supplémentaire d’être écologique. On sent que certains y sont sensibles».
S.P.
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