Variapower, ou l’innovation mécanique directement issue de l’Ensmm. C’est dans l’école d’ingénieurs bisontine que se sont rencontrés Pierre Azzopardi (28 ans), Cyril Clopet (27 ans) et Vincent Revol (27 ans). Venus de l’Isère et de la Drôme pour leurs études supérieures, ils ont adopté la région pour y développer une idée prometteuse : ils ont breveté un variateur de vitesse mécanique «capable d’associer la souplesse d’une variation continue et la performance d’un engrenage».
Une technologie révolutionnaire qui permet une infinité de vitesses, un haut rendement (au moins 98 %, largement au-dessus des variateurs actuels), un changement de rapport sans à-coup. Pour être plus explicite, l’exemple du vélo, premier champ d’application du système, est parlant : l’innovation de Variapower permettra de remplacer le système dérailleur avec des résultats spectaculaires pour l’usager : «le cycliste va pouvoir utiliser le braquet idéal en fonction de ses capacités et de la pente, avec une plus grande souplesse d’utilisation que les braquets actuels, un rendement optimal et la garantie de ne pas dérailler. L’utilisateur de loisir y gagne en simplicité, le sportif en performance. Par exemple, il n’y a pas à relâcher la pédale lors d’un changement de vitesse» expliquent les inventeurs.
Des applications multiples
Les premiers essais terrain auront lieu d’ici peu avec des vététistes. «La technologie peut s’appliquer à l’automobile, aux poids lourds, aux éoliennes, aux barrages hydrauliques et bien d’autres systèmes. On commence par le vélo car c’est un marché très ouvert à l’innovation, où le «time to market» est court, qui demande peu de validations, d’homologations, de normes et avec un système beaucoup plus réduit que sur un poids lourd ou une éolienne où les tests sont forcément plus importants» expose Cyril Clopet.
Devenir chef d'entreprise
Tous trois sont sortis de l’Ensmm en 2009. «J’ai choisi cette école parce que j’étais passionné de mécanique et je rêvais de devenir ingénieur automobile. Finalement, en sortant de l’école, je rêvais d’être chef d’entreprise en innovation mécanique» résume Pierre. Entretemps, il y a eu la rencontre avec ses camarades et l’idée du variapower, dont les prémices leur sont venues pendant un cours de mécanique.
«Ensuite, on a travaillé sur cette idée en dehors de l’école, le soir, les week-ends, en parallèle à nos études, relate Cyril. Puis on s’est aperçu que l’idée pouvait avoir un intérêt technique puis applicatif et donc un marché potentiel et au fur et à mesure, on s’est dirigés vers la voie de la création d’entreprise».
Evidemment moins armés dans ce domaine que dans la mécanique, les jeunes ingénieurs ont été accompagnés et soutenus par l’incubateur d’entreprises innovantes de Franche-Comté, par BGE qui les héberge à Temis et à Palente (où ils ont installé leur laboratoire de tests), par le Conseil régional de Franche-Comté, par BPI France, par l’Europe, par le réseau Entreprendre. Ils ont remporté le concours du ministère de la Recherche en 2012. L’unanimité autour du projet leur donne confiance.
«Ca renforce l’idée qu’on est dans la bonne voie et que le projet est sérieux». Cyril et Pierre ont également suivi un DU entreprenariat à l’IAE de Besançon pour avoir des compétences supplémentaires.
Mais tout juste sortis de l’école, ils ont surtout appris en avançant, découvrant au fil des étapes les aspects financier, juridique, administratif, commercial. «Tout est difficile dans la création d’entreprise déclare Cyril. Il faut savoir évaluer les délais. Le côté innovation ajoute un pan juridique important. Il y a le risque de concurrence. Chaque jalon, financier, juridique, commercial, propriété intellectuelle est primordial. C’est beaucoup de travail pour arriver à ce que tout soit fait dans les règles de l’art. Au départ, ce n’est pas qu’on ne comptait pas nos heures, c’est qu’on ne les voyait pas. Mais ça ne peut pas durer indéfiniment, alors aujourd’hui on s’octroie plus de repos».
Un premier produit en 2015
Se lancer à trois a certainement été décisif. «On a tous les 3 la même base technique d’ingénieurs Ensmm ce qui nous donne une bonne capacité d’avancer sur la partie technique. A côté, on a chacun des affinités pour se tourner vers les parties administrative, financière, gestion, commercial. Cela permet de se répartir les tâches».
L’entreprise Variapower est née en 2011. Les créateurs prévoient de sortir un premier produit «vélo» en 2015 avant de développer la technologie pour le monde industriel. Pour cela, ils ont déjà 2 salariés.
«Notre volonté première c’est d’amener le plus loin possible notre technologie et la voir fonctionner sur le plus d’applications possibles».
Stéphane Paris
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