Il y a quelques jours, tout juste de retour d’une compétition à Changwon où il a obtenu une 3e place méritoire, mais qu’il juge « mitigée », preuve des grandes ambitions qu’il nourrit, Pierre Guillaume-Sage a poliment décliné l’entretien proposé, et pour cause : le tireur bisontin était contraint de « descendre » récupérer son arme arrivée deux jours après lui à l’aéroport de Lyon, la faute à quelques douaniers coréens un poil zélés !
Partie remise, le surlendemain, il a pris le temps d’évoquer longuement ses débuts, son présent passionnant et les échéances majuscules qui se profilent. Sa place pour les Jeux paralympiques de Paris 2024 (du 28 août au 8 septembre) n’est pas encore acquise, mais on a comme l’impression, à l’écouter attentivement, que l’affaire est en bonne voie. « La sélection sera annoncée dans le courant du mois de juin, c’est la direction technique nationale qui décidera. Je pense que mes titres de champion d’Europe et champion du monde acquis en 2023 vont m’aider et que j’ai de bonnes chances… »
Débuts par hasard
Si tout va bien, Pierre vivra sa première olympiade, au tir à 10 mètres. Une récompense méritée pour lui, atteint d’une arthrite juvénile dès l’âge de 2 ans, qui a découvert la carabine un peu par hasard lors d’une fête de village à Moncey (25), à l’âge de 11 ans. « Quelqu’un avait installé un petit poste de tir, minimaliste, et mes parents m’ont invité à participer. L’organisateur a vu que je me débrouillais bien, m’a invité au stand de la Société de tir de Besançon, et voilà. »
Depuis, il a gravi les échelons jusqu’à réaliser une saison 2023 exceptionnelle. De quoi lui ouvrir l’appétit et faire monter la pression. « J’étais tranquille jusque-là, mais la fin d’année a été plus compliquée. Tout a changé d’un coup, beaucoup de gens m’ont parlé des JO, qui n’étaient pas forcément un rêve de gosse pour moi, mais quand, à un moment, te dis que tu as la possibilité d’y aller, tu fais tout pour y arriver. Mais ce n’est pas fait ! »
Des conditions idéales
Pierre s’entraîne deux fois deux heures par semaine et peut compter sur son fidèle assistant, qui n’est autre que son père. « Il est chargé d’effectuer les tâches que je ne peux pas faire, de monter les organes de visée, de porter la carabine pour l’amener sur le pas de tir, de charger les plombs par exemple. J’ai la chance de toujours l’avoir avec moi. »
Au niveau financier, le Chemaudinois dispose désormais d’une sécurité bienvenue : après de brillantes études en alternance qui l’ont conduit à un diplôme de niveau bac + 5 décroché à l’école d’ingénieurs CESI, à Dijon, il est salarié dans la société bisontine Polycaptil et bénéficie d’un contrat d’insertion professionnel (CIP). « Je pratique un sport amateur qui ne me permet pas de gagner ma vie. On a des primes de la fédération en cas de podium sur les échéances internationales (1), c’est tout. Avec ce contrat, c’est nickel ! Je peux me libérer quand j’en ai besoin pour les stages et les compétitions, avec l’accord de mon patron. »
Lors de l’épreuve paralympique, PLG retrouvera le pas de tir couvert du centre national de Châteauroux, un site bien connu par les tireurs français. « Tous les stands de tirs ne sont pas les mêmes. Les lumières, les fonds, la température diffèrent... Cela peut être un avantage. » Suffisant pour décrocher une médaille et valider des années de travail ? Réponse début septembre.
Christophe Bidal
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