C’était il y a tout juste 5 ans. Xian débarquait tout droit de Shanghai pour étudier le français au CLA puis l’histoire de l’art à l’université. Premier souvenir bisontin, un groupe de jeunes sur le pont Battant la salue dans sa langue natale le jour de son arrivée. Un clin d’oeil qui était peut-être un bon présage... L’art a toujours fait partie de la vie de Xian. A 7 ans elle apprend le dessin et la peinture de manière plutôt académique et occidentale puis poursuit des études d’arts plastiques au lycée et aux Beaux-Arts et devient graphiste. Mais à Shanghai tout va très vite, “j’étais comme un citron pressé, en quelques années j’avais tout donné et mon inspiration commençait à s’épuiser”. L’idée de reprendre des études fait son chemin dans l’esprit de Xian en même temps que l’envie de s’expatrier.
Voir autre chose. Pourquoi la France ? “Parce que j’en avais marre de parler anglais !” répond-t-elle avec son humour à la fois discret et pertinent. Et pourquoi Besançon ? “Pour le CLA mais aussi parce qu’il est plus facile d’apprendre le français avec des Bisontins qu’avec des Marseillais”.
A l’université elle étudie aussi l’archéologie mais c’est l’art contemporain qui l’attire. “J’ai besoin de mouvement, de nouveaux projets” explique-t-elle. C’est donc avec une sage détermination qu’elle frappe à la porte du Pavé dans la Mare pour proposer à Corinne Lapp-Dahoui un projet d’exposition basé sur les échanges franco-chinois. Elle entame un stage de deux ans au sein de l’association dont le résultat est aujourd’hui l’exposition “Traffic”.
“Je suis d’abord retournée en Chine pour réactiver mon réseau. Il y a une nouvelle génération d’artistes contemporains très intéressants. Les artistes des générations précédentes, qui ont connu la révolution culturelle sont trop conventionnels, ils se sentent empreints d’une responsabilité historique, les jeunes au contraire apportent une vraie nouveauté” précise Xian. Deux années de travail et quelques allers-retours en Chine ont été nécessaires à l’équipe du Pavé dans la Mare pour mettre en place “Traffic” qui sera également présentée à Shanghai comme événement associé à l’exposition universelle. “Aujourd’hui le monde entier regarde la Chine mais il y a encore beaucoup de stéréotypes. Il faut laisser une chance aux Chinois et l’art est le moyen le plus efficace d’aller vers les gens, de poser des questions, d’apprendre à regarder autrement”.
Quel est justement le regard de Xian, jeune Chinoise de 27 ans venue d’une mégapole, sur une ville comme Besançon ? “J’aime le mélange de culture et de nature qu’on trouve à Besançon. J’ai vu aussi beaucoup de changement. Je vois les jeunes qui sont démotivés, qui n’ont plus de vivacité...c’est l’inverse des chinois...”
La ville a aussi changé Xian : “J’étais une petite fille en arrivant, je ne connaissais rien, maintenant je suis différente, j’ai trouvé ce que je veux faire dans la vie”. Xian repart à Shanghai au début de l’année prochaine. Son projet est de créer une galerie d’art pour soutenir la nouvelle génération d’artistes chinois. “Je ne veux pas donner de leçons mais je pense que si on veut quelque chose on y arrive surtout quand on est jeune, on a le champ libre pour proposer des idées”.
Katia Mairey
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